Stress tests climatiques

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Apparus à la fin des années 1990, les tests de résistance (stress-tests en anglais) constituent l’un des outils privilégiés par les superviseurs et les institutions financières pour évaluer leur gestion des risques dans une perspective de stabilité financière, et en particulier l’adéquation des portefeuilles financiers aux exigences prudentielles en cas de dégradation de l’environnement économique ou financier. Ils posent néanmoins des limites méthodologiques lorsqu’ils visent à anticiper les conséquences du changement climatique : horizon temporel plus étendu, incertitudes élevées sur les futurs évènements climatiques, diversité des impacts selon les secteurs et les zones géographiques, etc. Les banques centrales et les superviseurs intègrent progressivement le risque climatique dans leurs scénarios, depuis un premier exercice réalisé par la Banque des Pays-Bas en 2018. En 2020, la Banque de France et l’ACPR conduisent également un exercice-pilote climatique auprès des banques et assurances.

Le projet Finance ClimAct contribue à développer la capacité des institutions financières et des superviseurs à réaliser des stress-tests climatiques, à travers la réalisation de guidelines et le développement d’outils et de métriques appropriés, et ainsi les amener à mieux appréhender les risques financiers liés au changement climatique. À ce titre, cette démarche constitue une priorité du Plan d’action de la Commission européenne sur la finance durable et de la Stratégie Nationale Bas Carbone française dans la mesure des risques climatiques.

Pour ce faire, les membres du consortium mobilisés pour cette action – l’ADEME, I4CE, 2DII, F4T et l’ACPR, travailleront au développement et à l’amélioration d’outils, de méthodes et de guidelines nécessaires à l’élaboration et au perfectionnement des cadres permettant la mise en œuvre de stress-tests climatiques. En capitalisant sur leurs propres recherches, leurs outils et sur les travaux en cours, les membres de ce groupe de travail proposeront, tout au long de la vie du projet, des approches et des schémas d’analyse, à travers la publication d’articles et de rapports.

Ainsi, dans le cadre du projet Finance ClimAct, il est prévu que 2DII capitalise sur le travail que le think-tank a déjà réalisé avec différents superviseurs en continuant à co-développer ses modèles avec les institutions financières et en les mettant à leur disposition via des modules PACTA additionnels et d’autres outils. En effet, 2DII a déjà développé plusieurs outils de référence pour les superviseurs financiers et les banques centrales souhaitant réaliser des stress-tests climatiques au niveau des entités qu’ils régulent (Banque d’Angleterre, Département Californien des assurances, Autorité européenne des assurances et des pensions professionnelles (AEAPP) etc.). La diffusion de ces modèles auprès des institutions financières, notamment via des groupes de travail animés par F4T, facilitera la mise en œuvre d’exercices de stress-tests climatiques en France et de façon plus large à travers l’Europe.

En parallèle, I4CE et l’ADEME travailleront en collaboration avec la Banque de France et plus généralement le réseau Network for Greening the Financial System (NGFS) pour produire des travaux méthodologiques en la matière, permettant d’appuyer la montée en compétence et la prise en compte des effets sectoriels et aussi macro-économiques notamment grâce au modèle Three-ME co-développé par l’ADEME, l’OFCE et TNO. L’objectif est de s’appuyer sur les relations entre énergie, économie et émissions pour décliner les impacts des scénarios climatiques mondiaux à un niveau sectoriel suffisamment fin.

Cette approche croisée entend permettre d’améliorer les méthodologies en place et, au-delà, la connaissance des établissements bancaires, assurantiels et celle des superviseurs et des banques centrales dans le domaine de la gestion du risque climat et de l’élaboration de futurs stress-tests.